NUIT DE LA LECTURE, vendredi 19 janvier...
Le témoignage si beau et si touchant de M.Dumaine, professeur de Lettres du collège Paul Valéry...
« On aime toujours un peu à sortir de soi, à voyager, quand on lit. »
Marcel Proust, Sur la lecture
Et de voyage et de lecture, il en fut question ce vendredi, à l'occasion de la Nuit de la lecture, organisée au collège Paul Valéry.
Quel beau moment ! Six escales, six moments de suspension et de plaisir pur, pour l'auditeur-spectateur-enfant, à qui il a été proposé, pêle-mêle, de voyager dans le temps, dans l'espace, et même dans son propre corps.
Nous nous sommes tout d'abord plongés dans un salon littéraire du XVIIIe siècles, bercés par les jolies voix et les magnifiques costumes de Madame Christol et de ses élèves de cinquième : Le corps des mots et des esprits.
Nous avons ensuite profité d'une chocolecture, orchestrée par Mesdames Reynaud et Coste, bibliothécaires à Valence. Autant dire que nous avons auditivement (douceur de la voix),visuellement (petite lumière tamisée),olfactivement (petit mug de chocolat fondu à humer) et même gustativement (petit carré de chocolat à savourer) éprouvé la thématique du texte qui nous était offert, pour un bien-être complet : faire corps avec l'histoire.
Puis nous nous sommes retrouvés au cœur d'une mêlée de rugby, grâce au concours conjoint de Monsieur Devedeux et du poète de l'Ovalie, Daniel Herrero. Nous avons ensuite gravi des sommets, et encouragé les récits héroïques et souvent dantesques liés aux étapes du Tour de France : Madame Haget et Monsieur Saint-Espes ont rivalisé d'efforts et d'enthousiasme dans cette cyclolecture pour rendre un peu de ces odyssées que furent, notamment au début de son existence, certaines étapes de cette course devenue mythique : éprouver son corps jusqu'au sacrifice.
Il fut temps alors, après tous ces efforts, d'aller faire une lecture, toute singulière et toute régénérante, de son corps, une sophrolecture, proposée et dirigée par Madame Rapin, avec la présence de Madame Brizac. Moment suspendu de lecture et de voyage à l'intérieur de son propre corps, de partage d'une expérience, de sensations vertigineuses devant ce qui nous est donné chaque jour d'apprendre à lire : notre propre corps. Des mots sont venus au terme de cette autre odyssée, écrits sur un tableau blanc : flottabilité, voyage, lecture, et quelques autres... lire son corps.
Il nous restait encore à voyager à nouveau dans le temps et dans l'espace : ce fut chose faite. Nous nous retrouvâmes tout en même temps au Danemark (Andersen), au Japon (Kamishibaï), en un temps conjugué de passé lointain ( Les Habits neufs de l'empereur) et d'instant présent (très belle incarnation vocale de Madame Pugniet) : faire voyager son corps.
Nous retrouvâmes enfin, pour conclure notre périple, une conteuse fabuleuse, Madame Labaune-Sirlin, de l'association Fréquence Lire, pour deux histoires drôles et philosophiques. : le corps de l'histoire et le fil de l'histoire...
En terminant notre parcours au CDI et en parcourant toutes ces lectures offertes à l'oeil et à l'oreille autour de la thématique du Corps, thème de cette année, nous avons espéré d' autres voyages, et fait le vœu d'autres moments comme celui-ci, car la lecture, lorsqu'elle est si joliment partagée, devient, au-delà d'un voyage et d'une sortie de soi, pour paraphraser Marcel Proust, l'occasion de se sentir moins seul et de laisser vibrer son humanité.
Merci à tous les acteurs de cette si belle soirée, et tout particulièrement à son organisatrice : Madame Sciama, professeur-documentaliste.
Je me suis retrouvé, comme tous les parents et élèves avec qui nous avons fait corps durant ces deux heures délicieuses, dans cet état enchanteur que nous avons tous connu un jour : celui de se laisser bercer par une histoire, et de rêver autour d'elle, de se transporter vers des ailleurs fabuleux, parfois tout près de nous, qui agrandissent nos vies, ou tout du moins nous autorisent à en imaginer d'autres.